Je viens de terminer un article de Jean Wirth, historien de l'art, sur la révolution gothique. Dix pages stimulantes quand on l'applique à la cathédrale Saint-Pierre de Lisieux. Si notre ville n'accueille probablement pas le plus bel édifice gothique de Normandie, elle peut se vanter d'avoir l'un des plus anciens. L'architecture gothique naît dans les années 1135-1145 dans le cœur du Bassin parisien puis se diffuse dans les régions voisines. L'évêque de Lisieux Arnoul est séduit par la silhouette que donne le nouveau style et l'applique à sa cathédrale qu'il projette justement de reconstruire. Les travaux commencent à une date incertaine, entre 1150 et 1170.
Transept et chœur de la cathédrale. Pas d'audace architecturale à Lisieux telle que rosaces, voûtes aériennes et baies larges. L'image s'agrandit en cliquant dessus. |
Cette précocité explique que les premières travées de la cathédrale sont un peu primitives, lourdes précisément. Comme le chantier s'étend sur plusieurs dizaines d'années, au fur et à mesure de la construction, le style s'allège pour aboutir à un chœur particulièrement réussi. Les colonnes se sont notamment amincies.
Fausses idées
Inconsciemment, on a toujours quelques clichés à propos des cathédrales. L'historien de l'art Jean Wirth en démonte quelques-uns. Pour commencer, dans une cathédrale, les fidèles "ne sont pas silencieux et disciplinés comme à l'époque moderne. Il n'y a pas de bancs pour les fixer : ils circulent, parlent, crient, chantent, concluent des affaires..." pendant que le clergé célèbre des messes. De notre mémoire, refoulons également l'image de foules bénévoles venant prêter main-forte pour la construction des monuments. Leur édification est affaire de spécialistes rémunérés, des maçons, des tailleurs de pierre et des charpentiers. La contribution de la population était principalement monétaire : les autorités ecclésiastiques taxaient les habitants pour financer le chantier.
Le magnifique chœur de la cathédrale. L'image s'agrandit en cliquant dessus. |
La cathédrale de Lisieux vous éblouit-elle ? Difficile de l'être : la plupart des vitraux médiévaux ont disparu et les sculpteurs ont travaillé très discrètement. Mais j'aime tout de même ce monument. J'aime les lignes verticales qui se terminent en arcs brisés, les jeux d'ombres et de lumières sur la pierre et les morceaux d'histoire que raconte chaque bloc. Bref, c'est mon monument préféré de la ville. Et le vôtre ?
Peu d'originalité dans les sculptures, mais l’œil peut accrocher des détails insolites. L'image s'agrandit en cliquant dessus. |
Pour en savoir plus : les amis de la cathédrale Saint-Pierre ont créé un site beaucoup plus complet que ce court article.
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